Dans le paysage financier depuis le terme de la décennie 2000, les cryptomonnaies intriguent, font rêver… et inquiètent à la fois. L’envolée récente de la plus importante de ces cryptomonnaies, le bitcoin, en est la preuve. La devise virtuelle a multiplié sa valeur par huit depuis un an et la capitalisation totale du bitcoin frôle les 76 milliards USD. Faut-il voir les cryptomonnaies comme une évolution normale du système financier actuel? Sont-elles plutôt à l’origine d’une véritable révolution à venir en matière de circulation des flux financiers?
Démocratisation des flux financiers en vue?
Même s’il est encore trop tôt pour statuer définitivement sur la chose, un fait demeure : les cryptomonnaies remettent en question une foule d’a priori sur la manière d’échanger. Basées sur l’utilisation de la chaîne de blocs (blockchain), les cryptomonnaies se posent comme une solution de rechange sécuritaire et démocratique à la monnaie traditionnelle. De fait, elles ne peuvent pas faire l’objet d’une manipulation par l’entremise d’un État ou d’une banque centrale, puisque leur cours est uniquement le résultat de l’offre et de la demande. Et comme les transactions sont directes, d’une entité (individu ou organisation) à une autre, la présence d’une banque ou d’un émetteur de carte de crédit devient superflue. Les frais reliés aux transactions sont en effet minimes, lorsque comparés à ceux qui sont actuellement imposés dans le marché.
Stabilité et confiance
Une certaine prudence reste toutefois de mise à l’égard de ces nouveaux moyens d’échange. Une monnaie acquiert ses lettres de créance lorsque son cours est relativement stable et, surtout, lorsqu’elle s’appuie sur un solide capital de confiance. Côté stabilité, force est de reconnaître que la spéculation constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs des cryptomonnaies. Certains analystes estiment en effet que la spéculation demeure à l’origine d’une très grande majorité du volume des cryptomonnaies. Joseph Lubin, le cofondateur de la cryptomonnaie Ethereum, est l’un de ceux-là, lui qui estime que 90 % de leur valeur est le simple fait de la spéculation. Voilà qui devrait refroidir les ardeurs de certains. Quant à la confiance, celle-ci est en voie de s’établir. De plus en plus d’entreprises, et non les moindres, acceptent désormais certaines cryptomonnaies pour quantifier les transactions avec leurs clients. Le commerçant en ligne américain Overstock, son équivalent japonais Rakuten et le voyagiste Expedia ont fait le pari des cryptomonnaies. Tokyo a même montré la voie en légalisant l’utilisation du bitcoin sur son territoire au printemps dernier, tandis que d’autres États, notamment l’Australie, Singapour et le Viêt-Nam, pour n’en nommer que trois, considèrent sérieusement la chose. Et signe que les cryptomonnaies sont probablement là pour durer, 80 des plus importantes banques mondiales se sont associées avec la firme R3 afin de travailler au développement de la technologie propre aux cryptomonnaies.
L’ère des échanges monétaires fiables, sécuritaires et anonymes n’est peut-être pas si lointaine!
Vous désirez payer un achat en cryptomonnaie?
Votre portefeuille (wallet), un compte virtuel chez un fournisseur de cryptomonnaie, sera débité du montant et celui du commerçant, crédité du même montant. La transaction est encodée avec une clé unique, garantissant la sécurité et l’anonymat de l’échange monétaire. Cette transaction est incluse dans un grand livre comptable, la chaîne de blocs, vaste base de données décentralisée qui contient toutes les transactions antérieures réglées en cryptomonnaie. Une armada d’utilisateurs, plusieurs dizaines de milliers, mettent la puissance de calcul de leurs ordinateurs à la disposition afin de vérifier la validité des informations relatives à toutes les transactions. Une fois confirmé, votre achat s’ajoute à la chaîne des autres transactions et ne pourra être ni modifiée ni effacée.