L’expertise juricomptable est aujourd’hui de plus en plus sollicitée. Mais, que fait un juricomptable, à quels besoins répond-il et quelles sont les perspectives d’avenir de cette profession ? On en parle avec Vicky Poirier, présidente du cabinet Quantum Juricomptable.
« Aujourd’hui, aucune entreprise ne veut se retrouver devant une Commission Charbonneau no. 2, lance Vicky Poirier. Il y a beaucoup de demandes : les gestionnaires veulent prévenir les risques de fraude et sont donc ouverts aux travaux juricomptables. »
Le métier de juricomptable est donc en plein essor. Non seulement du côté de la détection des fraudes, mais aussi de la prévention. Si, lorsqu’il a émergé dans les années 90, le juricomptable devait avant tout enquêter, déterminer avec objectivité et indépendance la valeur d’un litige et agir comme témoin expert une fois que la fraude avait eu lieu, son rôle a évolué depuis. « En 2018, le juricomptable fait aussi un gros travail pour prévenir la fraude et les actes malveillants, explique Vicky Poirier. Il agit désormais à titre de consultant a posteriori, mais aussi a priori, afin d’éviter que la fraude se produise. »
Que fait le juricomptable ?
« Là où l’entreprise est susceptible de se faire frauder, le juricomptable va implanter des contrôles, dit Vicky Poirier. Il formera également le personnel pour qu’ils soient en mesure de détecter des indicateurs de fraudes. » Comment prévenir les fraudes ? Le cabinet de Vicky Poirier offre par exemple à ses clients une ligne de signalement « pour que les clients ou employés divulguent de façon anonyme et confidentielle les actes répréhensibles ». Une fois la fraude signalée, des interventions sont prévues.
Quelles sont les entreprises concernées ? « C’est très varié, explique Vicky Poirier. Chez Quantum Juricomptable, la moitié de notre clientèle se trouve dans le secteur public et parapublic. Ce sont des organismes, des municipalités, des établissements d’enseignement, le réseau de la santé, etc. L’autre 50 % vient du privé, de la PME à la grande entreprise, comme les compagnies d’assurance ou les institutions financières. » Les dossiers peuvent quant à eux être de nature criminelle ou civile.
Quelles qualités sont nécessaires ?
Parce qu’il doit analyser et croiser des milliers de données, le juricomptable doit être à la fois consciencieux, rigoureux, curieux de nature et aimer « aller au fond des choses », révèle Vicky Poirier. En outre, parce qu’il devra produire des rapports écrits et sera appelé à témoigner en cour, il doit être « un bon communicateur, autant à l’écrit qu’à l’oral », ajoute-t-elle. Son travail comprend également tout un volet d’enquête, avec « des entrevues et des interrogatoires pour lesquels il faut établir des stratégies pour faire parler la personne ».
Quant à la formation nécessaire, « on peut exercer sans détenir le titre de CA-EJC (comptable agréé expert en juricomptabilité), mais quand viendra le temps de témoigner en tant qu’expert à la cour, le titre donnera beaucoup plus de crédibilité », explique Vicky Poirier qui, au sein de son cabinet, n’a que des employés détenant le titre.