Les comptables en col roulé n’ont pas dit leur dernier mot. Ils travaillent peut-être dans l’ombre des clichés, mais si l’on en croit les principaux intéressés, ils sont des acteurs de la plus haute importance au sein des organisations, peu importe la taille ou le secteur d’activité.
Les bas bruns, le fait d’être plate… « Plusieurs clichés persistent, admet d’emblée Antonello Callimaci, directeur du baccalauréat en sciences comptables de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Mais j’en connais qui courent le marathon. Je suis moi-même adepte de motocross. On a tous une vie parallèle ! »
Par contre, l’image qui fait le plus de mal à la profession comptable, c’est celle du comptable en complet, qui ne fait que traiter des chiffres assis derrière son bureau. « Le comptable a pourtant une importance névralgique dans l’entreprise pour laquelle il travaille », soutient le professeur. Il n’a pas peur de « se salir les mains » en confrontant la réalité.
De toutes les décisions
Grâce à sa rationalité et à ses analyses, le comptable permet à l’organisation de prendre des décisions de haute importance dont les conséquences touchent autant les ressources humaines et le marketing que les décisions logistiques. Antonello Callimaci insiste: « Le comptable intervient dans chacune des facettes de la compagnie. Et beaucoup de CPA occupent des postes-clés. » Ils sont de toutes les décisions, parce que toutes les décisions touchent de près ou de loin les états financiers de l’entreprise.
« Le comptable ne peut pas être assis derrière son bureau. Il va sur le terrain », ajoute-t-il. Le professeur le compare même à un pilote de Formule 1. Malgré sa spécialité, ce dernier est un bon garagiste, capable de se salir les mains afin d’avoir une opinion sur la mécanique de sa voiture, et ainsi être au fait de ce qu’il faut pour améliorer ses performances. « On ne peut pas prendre de décisions à huis clos », dit Antonello Callimaci. D’où l’importance pour le comptable de sortir du bureau et des chiffres et de s’intéresser autant aux investissements à l’étranger qu’au design d’un produit, par exemple. Bref, il fait bien plus que la tenue de livres, une tâche déléguée depuis longtemps aux techniciens comptables.
Et le cliché voulant qu’il aime les mathématiques ? « Ce n’est pas le calcul des variables qui compte, explique Antonello Callimaci, c’est le lien entre ces variables. » En d’autres mots, un bon esprit de déduction prévaut sur la capacité à faire des calculs.
Tous les secteurs en ont soif
Qu’elle soit un OSBL, une boîte en démarrage ou une multinationale, toute entreprise a besoin des experts-comptables pour être viable. « Croire que les comptables sont nouveaux dans certains secteurs, ça aussi, c’est un cliché ! s’exclame Antonello Callimaci. Ils ont toujours été partout. » Et peu importe où en est la compagnie dans son développement, le comptable est essentiel. « Même quand ça va bien, on a besoin d’un comptable ! »
Et, selon le professeur, il faut aussi en finir avec cette vision qu’un comptable ne peut pas être progressiste. « S’il y a bien une chose dont l’anti-establishment a besoin, c’est bien de comptables ! » signale-t-il. Il donne en exemple que l’approche comptable est très utile pour démontrer quels comportements sont les meilleurs pour la planète ou pour dénoncer l’inégalité dans la distribution des richesses. De quoi démonter l’image tenace du personnage en habit trois-pièces, une casquette à visière et des élastiques autour des manches !