De nombreux sites offrent la possibilité de connaître notre valeur sur le marché du travail. Ces outils peuvent-ils nous aider à mieux négocier une offre salariale ? Oui, mais à la condition de ne pas être financièrement trop gourmand…
Négocier son salaire est souvent très stratégique : il faut savoir obtenir le maximum du revenu potentiel, sans perdre ses chances d’obtenir le poste convoité. Or, il est difficile d’évaluer objectivement nos compétences et de savoir ce que l’on vaut sur le marché professionnel.
Divers sites web tels que Glassdoor, Indeed et Payscale ont fait leur apparition dans les dernières années. Basés sur des données provenant d’employés et d’employeurs, ils offrent la possibilité de comparer notre salaire à ceux offerts dans l’ensemble de notre profession selon notre qualification, expérience, scolarité, ancienneté et même en fonction de la localisation.
Ces ressources s’ajoutent à celles des ordres professionnels, des écoles spécialisées et des statistiques gouvernementales comme l’Enquête sur la rémunération globale au Québec (ERG), qui fournissent des indications sur le salaire moyen.
Certes, ces outils sont utiles pour évaluer une offre salariale, mais ils peuvent aussi être un couteau à double tranchant. « Les sites n’indiquent pas si l’employeur avec lequel le candidat négocie a la capacité de payer le montant annoncé dans les autres organisations », nuance Michel Larouche, consultant en gestion des ressources humaines.
Voir plus loin que le salaire
Selon cet expert, les données recensées à travers le web sont à prendre avec un grain de sel. Elles peuvent mener le candidat à s’attendre à une offre salariale trop élevée et nuire à son entretien d’embauche. « S’il est écrit que la rémunération dans un domaine se situe entre 20 $ et 24 $ l’heure, le candidat va forcément s’attendre à obtenir 24 $, croit-il. Si l’offre salariale se situe au-dessous du seuil minimal annoncé, car l’employeur ne peut pas payer plus, il va être déçu. »
De plus, notre perception à l’égard de ces statistiques peut être très subjective. « Plusieurs candidats ont tendance à surestimer leur valeur sur le marché », explique le spécialiste. Rappelons que les répertoires sont publics et peuvent aussi être consultés par les employeurs. « Ils sont en mesure de savoir si le salaire proposé est déraisonnable ou pas », signale le consultant en gestion des ressources humaines.
Par ailleurs, les avantages sociaux ne sont pas pris en compte dans les données recensées. Le salarié peut parfois perdre quelques dollars sur sa rémunération, mais gagner beaucoup en charges sociales ou voir son salaire progresser plus rapidement que chez la concurrence. « Habituellement, il faut que les employeurs aient quelque chose pour attirer la main-d’œuvre », indique Michel Larouche.
Au Québec, les entreprises de 10 salariés et plus doivent se conformer à la Loi sur l’équité salariale. Les organisations non conformes sont recensées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).