Le saute-mouton professionnel (ou job hopping) prend de l’ampleur alors que la pandémie de COVID-19 continue de faire des siennes. Et, avec la rareté de main-d’œuvre, de nombreuses personnes sont tentées d’aller voir si l’herbe est réellement plus verte ailleurs! Quatre vérités – ou fausses croyances – sur cette tendance.
Le job hopping est réservé aux jeunes
Apparu avant la crise sanitaire, le saute-mouton professionnel a pris de l’ampleur avec la pénurie, observe Patrick Poulin, président de groupe pour Randstad Canada. « Il y a une surenchère qui se produit avec la pandémie. Même si les gens ne pensaient pas nécessairement à changer d’emploi, ils se font solliciter et offrir des salaires plus avantageux. Et certains ont l’appétit pour ces mouvements. »
Dans le contexte, ce phénomène touche autant les jeunes que les gens plus expérimentés, note-t-il. En fait, la grande majorité des travailleurs et travailleuses de 18 à 34 ans (62 %) est susceptible de changer d’emploi en 2022, montre un sondage réalisé pour Randstad Canada à la fin de 2021. Chez les 35 à 54 ans, ils sont 48 % à réfléchir à cette option. Choisir de rester ou non relève surtout des aspirations de la personne et de l’étape où elle se trouve dans son cheminement de carrière, pense-t-il aussi.
Cumuler les jobs peut faire peur aux employeurs
C’est vrai, mais pas toujours, estime Patrick Poulin. « C’est certain que si le candidat change régulièrement d’emploi, cela peut donner l’impression d’un travailleur instable, un peu impulsif. » Toutefois, avec la pénurie, cet aspect pèse moins dans la balance. Il faut aussi comprendre les raisons derrière ces départs, ajoute-t-il. « Cela peut s’expliquer par des facteurs indépendants de notre volonté, par exemple une faillite, une restructuration ou un contrat temporaire. »
Dans certains secteurs, en informatique ou gestion de projet par exemple, ce cumul d’expériences peut être vu comme positif, affirme le président. « Les gens qui bougent accumulent un bagage professionnel qui peut être considéré comme une richesse dans certains cas. » Ils démontrent aussi beaucoup d’adaptabilité, d’autonomie et ont moins besoin de sécurité, détaille-t-il.
Le saute-mouton professionnel permet d’améliorer ses conditions de travail
« La raison principale qui pousse les travailleurs à changer d’emploi, c’est pour améliorer leur salaire », indique Patrick Poulin. Pas étonnant que ceux qui sautent d’un poste à l’autre obtiennent de meilleures conditions de travail au bout du compte, surtout si cela vient avec de plus grandes responsabilités. Selon le magazine Fortune, une personne travaillant pour une entreprise plus de deux ans, en moyenne, gagnerait 50 % moins d’argent au cours de sa vie… Bref, les organisations sont prêtes à délier les cordons de la bourse pour attirer les talents, surtout quand la concurrence est féroce.
Toutefois, certains employeurs se montrent très compétitifs pour conserver leurs troupes, nuance le président. De même, si un employé ou une employée a une offre alléchante sur la table, il ou elle pourrait tout aussi bien l’utiliser comme levier de négociation pour améliorer ses conditions de travail, ajoute-t-il. Parfois, le simple fait de mettre cartes sur table permet d’obtenir ce qu’on désire.
Rester trop longtemps dans le même emploi peut nuire à votre attractivité
Est-ce à dire que la stabilité pourrait nuire à votre carrière? Si passer d’un emploi à l’autre permet d’accumuler un bagage intéressant, conserver le sien ne signifie pas automatiquement que sa candidature perdra de la valeur, nuance le président. « Le fait de rester au même poste ne nous rend pas moins attrayant comme candidat, dans la mesure où on a montré une évolution dans la compagnie pour laquelle on a travaillé, pas nécessairement en titre, mais en responsabilités. » C’est aussi le cas si le poste convoité est le même que celui qu’on occupe actuellement.